Langue juridique

Caught in the Web of the Law

Frédéric Houbert





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Thin skull doctrine, living tree, blue-sky law, clean hands, cloud on title… Les métaphores occupent à l’évidence une place centrale dans le vocabulaire juridique anglais. Comment expliquer le succès de cette figure de style dans le langage de la common law ? Les métaphores juridiques permettent de rendre accessibles, au moyen d’images évocatrices et familières, des concepts qui, sans elles, resteraient abstraits. C’est là une de leurs fonctions, parmi d’autres que nous nous efforcerons de cerner dans le cadre de la présente communication. Après un rapide survol de deux familles de métaphores particulièrement productives en anglais juridique (les métaphores corporelles – cf. long-arm statute, clean hands… – et les métaphores « naturelles » au sens large, inspirées des phénomènes climatiques et météorologiques – blue-sky law, cloud on title… – et de la nature – living tree, etc.), nous nous interrogerons sur la traduction des métaphores. Nous verrons qu’au-delà de la règle générale (adaptation de la métaphore rendue nécessaire par le degré d’abstraction supérieur du français), d’autres techniques de traduction sont également possibles, dont la traduction littérale. Cette technique est notamment mise en œuvre dans le cas des métaphores communes, dont le vocabulaire du droit fournit de nombreux exemples : citons l’expression the eye of the law, qui n’est pas sans rappeler l’adage « l’œil de la loi veille », ou the mouth of the law, qui évoque la célèbre formule de Montesquieu « le juge est la bouche de la loi ». Nous nous pencherons également sur le cas particulier des métaphores « filées », qui peuvent parfois justifier le recours à une traduction littérale. En conclusion, nous évoquerons les dangers d’un recours excessif aux métaphores et examinerons quelques cas de métaphores « heurtées ».



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